Le Poker, la Vierge, l’étiquette et le balai.

Sans être question de Vegas ni de prosélytisme, on remet les pendules à l’heure.
Ça tombe bien : le passage à l’heure d’été, c’était dimanche.

« On ne dit pas c’est le bordel dans le salon. On dit : un coin du living s’affiche comme une imbrication de lignes et de volumes très rythmés. »

Loic Prigent

Voilà qui résume à peu près ma passion pour le rangement, le tri, le classement, etc. Ce n’est pas que je n’aime pas ranger : ma bibliothèque l’est, mes vêtements aussi. Je peux même avoir un côté légèrement maniaque.

Mais souvent, en fin de semaine, il peut arriver qu’il y ait une imbrication de lignes et de volumes très, très rythmés chez moi. En général, le « rangement » est la corvée du samedi. C’est un peu la même chose avec les gens : je déteste ranger et classer, étiqueter (mais oui, les gens peuvent aussi être la corvée du week-end 😉 )

Il y a quelques temps, j’ai écouté le podcast très sérieux, pédagogue, argumenté et néanmoins léger de Z Comme Zodiaque. Je vous avais prévenus : liberté de ton, liberté de propos…
Dans l’épisode sur les Poissons, mon signe solaire, l’autrice Mathilde Fachan expliquait que dans le cercle astrologique, l’exacte opposé du Poisson était… la Vierge et qu’: 

« en Vierge on cherche à scinder, à sous-catégoriser, on enroule le fil autour de son aiguille et on forme un maillage ».
Complètement l’opposé du Poisson pour ce qui me concerne, effectivement.

Mathilde Fachan, Z comme Zodiaque, les Poissons

Mathilde Fachan poursuivait ainsi :

«  la Vierge parle d’obligation, de devoir ; elle se contraint à ce qui provient de l’extérieur à une micro échelle (faire ses devoirs, faire sa lessive, éduquer un enfant, exprimer sa gratitude à travers un rituel précis.)
Pour établir la vérité, elle a besoin de preuves, de raisonnements logiques et analytiques qui démontrent de la cohérence.

Les Poissons parlent de missions, de dévotion. Ils s’abandonnent à ce qui provient de l’extérieur, à une macro échelle : écouter la douleur pour l’absoudre, soigner les plus démunis, faire don de sa personne quitte à se sacrifier par pure ferveur.
Pour établir la vérité, les Poissons ne réclament aucune preuve, ils ressentent partout dans leur corps, cœur, entrailles, veines, et donc dans leur esprit. Pas besoin de chiffres, de mots, d’étiquettes : le signe est lié à l’ineffable, leur savoir est intuitif et ils croient beaucoup plus facilement qu’ils ne savent. C’est donc un signe de mysticisme car croire ne s’explique pas. En Poissons, on s’abandonne à ce qui est incertain.
C’est un signe chaotique et incompréhensible mais en Vierge, à force de tout classer on perd aussi en signification. »

Mathilde Fachan, Z comme Zodiaque, les Poissons

Cette histoire d’étiquette et de classement, décidément…

Quoiqu’il en soit, je dois reconnaître que l’entièreté de son podcast sur les Poissons m’a laissé songeuse tant il apparaît juste au Poissons que je suis. En résumé et à gros trait, les Poissons sont rêveurs et intuitifs, refusent toute notion d’ordre et préfèrent accorder leur confiance, quitte à souffrir de désillusionS…

Les étiquettes, ce n’est pas mon truc. Il me semble que souvent, les jugements ne reflètent que nos propres peurs ou envies. Ou simplement, notre facilité à rester loin, là, à distance, de sorte à ne pas saisir les nuances et les complexités de l’Autre lesquelles risqueraient de nous ramener à notre propre simplicité ou peut-être à une certaine fragilité que nous préférons ignorer.

Il y a quelques jours, j’ai eu un échange avec une amie très proche qui m’a remué (blessé ?). Il était question d’une ancienne collègue commune dont l’image n’est pas forcément positive.
Cette image est colportée par de nombreuses personnes. Sur quel fondement ? Ont-elles échangé avec elle ? Ont-elles « creusé » derrière le vernis clinquant ?
Pour ma part, et après tout ce temps, je ne sais que penser de cette collègue. En tout cas, je trouve les autres injustes (oui là, je juge mais factuellement) car ils ignorent à quel point elle peut être très drôle. Comme ils ignorent son engagement et l’énergie déployée pour ses vrais amis ou sa famille. Alors, oui, je ne sais que penser d’elle mais ces deux beaux côtés je les ai vus, à de multiples reprises. Et j’ai horreur de l’injustice.

J’aime bien les échanges francs et clairs, surtout quand je ne comprends pas l’attitude ou le comportement de quelqu’un que j’apprécie. Il y a longtemps, au cours d’une discussion professionnelle « un peu » tendue, celui qui est désormais le compagnon de ma proche amie m’avait lancé que X. (une autre collègue) et moi avions un balai dans le c*l. Son jugement se basait sur l’image qu’il avait de moi, limitée à la seule sphère professionnelle.

Sur le moment, ce jugement de valeur m’avait paru très drôle, tant il était éloigné de moi. Après coup, il m’a interrogé sur la violence des mots et la capacité à juger voire à blesser.

Selon les sphères (professionnelles, loisirs, familiales, etc.), « l’image » que les autres ont de nous varie. Tantôt nous en sommes responsables car c’est en conscience que nous décidons de revêtir un certain masque, un faux-self. Le langage du corps est parfois plus complexe que le langage des mots. Tantôt ce sont les autres qui se plaisent à se forger une représentation de nous à mille lieues de ce que nous sommes réellement. L’image n’est-elle pas toujours biaisée par rapport « au vrai » nous ? Car in fine, ce n’est que nous a un instant i et non nous dans notre entièreté : nos collègues ne nous voient pas du réveil au coucher, du lundi au dimanche (sauf cas très particuliers). Nos amis ne nous voient pas au travail et nos parents ne nous voient pas en soirée. Chacun d’eux a une vision, un instantané très parcellaire de nous. Exactement comme pour mon ancienne collègue.

L’un de mes premiers fournisseurs m’a dit un jour : « votre façon d’entrer en réunion et votre poignée de main, en tant que femme et cadre dans un milieu d’hommes, doivent refléter l’image que vous voulez laisser à l’issue des négociations, personne ne saura si c’est un coup de poker« . Je pense souvent à cette phrase, elle m’a beaucoup façonnée.
Ce fournisseur avait d’ailleurs raison a plus d’un titre. Son « coup de poker » fonctionne dans toutes les situations de la vie. Il est souvent plus facile, pour faire taire toutes les petites voix internes, de bluffer : sourire, marcher la tête haute et le dos droit, jouer la confiance en soi. Le coup de poker ne marchera peut-être que le temps de l’entretien, des négociations ou du repas de famille. Mais l’espace de quelques minutes ou quelques heures, le manque de confiance en soi aura fait place à autre chose de bien plus positif.

Tout est affaire de perception et donc de subjectivité : l’image que les gens ont de nous, de cette collègue, s’ils ont envie de dépasser les apparences pour voir si leur perception s’en trouve modifiée ou non. Et puis, cette perception résisterait-t-elle à un tête à tête avec cette personne, quand elle baisse les armes ? La collègue en question n’était pas toujours comme les autres la voyaient.

Soyons honnête, c’est tellement facile de s’en tenir à une image ou aux propos rapportés et de juger plutôt que faire l’effort de creuser ou d’arrêter de juger.
Et puis, s’en tenir à ce que pensent les autres n’est-ce pas plus simple ? Car si l’Enfer c’est les autres, la Vérité n’est-elle pas aussi affaire de majorité ? Si « On » le dit, n’est-ce pas vrai ? l’insaisissable « On » n’a-t-il pas toujours raison ?
Le poids du plus fort, le poids de la rumeur, le culot des menteurs.
J’ai été élevée dans cet adage : «  »On », c’est un con » (explication de texte : ne te fie pas aux rumeurs, va à la source).

Allez savoir pourquoi, sans parvenir à cerner mon ancienne collègue, je continue à la défendre. 
Et je continue de sourire en pensant au jugement à l’emporte-pièce de mon ancien collègue… Et inutile de me demander, j’ignore s’il est Vierge ou même ascendant Vierge 😉

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