Ça a l’air simple, mais ça n’est pas facile.

Billet d’humeur ou état d’âme, de ma chère Margot, magicienne des mots, amoureuse de poésie et enseignante-pratiquante de yoga.

Pratiquer* chaque jour. Se dégourdir les jambes en partant se balader, se rafraichir le regard en levant les yeux ou se masser le cerveau en ouvrant un bouquin deviennent parfois des actes sportifs, tant ils demandent un effort au muscle de notre attention.

Bien enfoncé dans son canapé d’automatismes confortables et utiles, il faut parfois redoubler de créativité et de stratagèmes pour l’en sortir. La carotte du « bien-être » ayant quelque peu perdu de son goût ou de son sens à force d’être rechauffée, il faut parfois en revenir à la méthode du médoc enrobé de kiri pour arriver à avaler son moment de « doucipline ».

Si le yoga (ou tout autre discipline d’exploration du lien corps-esprit) prend des formes séduisantes et adaptées à nos trains-trains de vie, c’est pour nous aider à avoir le courage de sauter du wagon et aller gambader dans les plaines de vie, de tout et parfois de vide.

Tout seul, sans rien, sans personne, c’est souvent plus dur de se lancer, et de recommencer. Alors qu’ensemble, bien entourés, attirés par un parfum qui nous inspire, on sent comme un coup de pouce nous pichenetter avec sympathie sur le tapis.

C’est peut-être en partie pour ça que les séances de yoga s’enrobent de différentes thématiques alléchantes, que le premier pas vers une « retraite » ascétique de yoga est parfois un « séjour formule spa »… Prenez le Candlelight Yoga, la flamme de la bougie attire avec sa senteur « dimanche soir cocoon après semaine de zinzin » pour se permettre de s’accorder ce moment là, autrement plus difficile à baliser dans son agenda. Derrière la lumière, l’ombre d’une expérience simple, précieuse et universelle : un corps qui respire dans des postures stables et confortables.

N’en demeure pas moins que devenir conscient que 1. l’essentiel est enrobé d’une couche alléchante, 2. que nous en sommes à la fois les stratèges déterminés et bienveillants 3. et les drôles de bêtes à duper – représente déjà le cheminement d’une pratique.

Néanmoins (ça devient mon point godwin), pour capter l’attention il faut la trouver là où elle demeure le plus souvent… Son terrain de jeu favori peut devenir le théâtre de son grand détournement. Des posts instagram se suspendent aujourd’hui comme des appâts pour s’attirer vers soi-même. Mais comment s’en détacher ? C’est pour ça que faire clignoter les écrans noirs de notifications pour vous faire « penser à faire du yoga » ou « se rappeler de ne pas trop les utiliser », n’est pas évident pour moi…

À moins que ce soient des coups de pouce, comme les petites miettes du petit poucet, qui aident à retrouver son chemin dans la forêt de sollicitations.

Parfois à force de suivre les petits morceaux de pains, on finit par lever la tête, connaître le chemin, apprécier le paysage, et voir fleurir l’envie de s’y aventurer seul chaque jour.

[ État d’âme – Penser ce que j’écris est aussi passager qu’un wagon de pensée. D’autant plus que quand je crois découvrir une quelconque vérité, j’essaie surtout de savoir que je le crois, non pas croire que je le sais. Montaigne comme médoc, enrobé dans les mots d’André Comte-Sponville. ]

Margot Peyron – enseignante-pratiquante de yoga 

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